Le rétro au cœur des tendances d'aménagement d'hôtels

LES APPART'HÔTELS EDGAR SUITES

Edgar Suites, co-fondé par Maxime Benoit, se distingue par son approche novatrice de l'hôtellerie. Spécialisé dans les appart'hôtels, Edgar Suites mêle habilement des éléments vintages et modernes pour créer des espaces chaleureux et uniques. Depuis l'ouverture de leur première résidence en 2018, ils se sont efforcés de créer des lieux qui ressemblent plus à des maisons accueillantes qu'à des hôtels standardisés. Chaque projet est pensé pour offrir une expérience conviviale, où les clients peuvent se sentir comme chez eux, tout en profitant d'un design soigné et intemporel.

L'HÔTEL BIG SKY

L'hôtel Big Sky, dirigé par Basma Barbier, est un exemple frappant de l'adoption réussie de la tendance rétro dans l'hôtellerie. Initialement un hôtel Mercure, il a été transformé en un espace au style engagé et chaleureux. Le Big Sky se démarque par ses chambres réinventées, qui allient l'esprit des années 70-80 à une touche montagnarde. Avec des pièces vintages soigneusement sélectionnées et une décoration vibrante, cet hôtel offre une expérience unique et immersive à ses clients, alliant confort moderne et charme rétro.

Comment la tendance rétro permet-elle aux nouveaux hôtels de se différencier par rapport aux établissements plus traditionnels ?

Nous avons toujours pensé qu'au-delà de l'aspect RSE, créer un mélange entre du vintage et du moderne permettait de donner une âme aux espaces. Avant de nous lancer, nous trouvions globalement que la tendance hôtelière était très moderne, produisant des lieux quelque peu aseptisés, souvent assez standardisés. Nous avions donc envie de créer des espaces qui redynamisent l'univers hôtelier, et nous n'avons jamais dévié de cette conviction depuis la création de notre première résidence en 2018.

Nous avions la volonté d'avoir des appart'hôtels assez différents, plus volumineux que ce qui existait, avec des salons qui ressemblent à ceux d'une habitation, comme si vous étiez chez un ami designer avec un bel appartement et des chambres qui rappellent celles des hôtels.

Le concept de base était cela. Nous avons commencé à chiner quelques pièces et aujourd'hui nous arrivons à avoir des projets où près de 25% des espaces sont composés de meubles chinés.

Bien sûr, nous adaptons la décoration en fonction du site, du quartier et des clientèles envisagées. Par exemple, en sortant de Paris, nous imaginons une clientèle plus professionnelle, moins orientée loisirs, mais plus adepte du design. Ainsi, nous adaptons nos projets en conséquence.

Récemment, nous avons réalisé un projet à Lille, ouvert à Noël, avec un décor principalement constitué de pièces chinées, en collaboration avec Lam Studio pour la décoration. Nous sommes vraiment imprégnés par cette idée de bien mélanger les styles pour créer des espaces intemporels. Nous ne souhaitons pas que nos lieux soient uniquement dans la tendance du moment, au risque de devenir obsolètes dans quelques années.

Nous essayons de créer des lieux intemporels, mélangeant des styles, avec une petite touche vintage. Nous trouvons cela très intéressant d'incorporer des pièces de design parfois iconiques, datant des années 60, des styles Bauhaus des années 30-40, que nous pouvons retapisser et réparer à l'infini. C'est un peu notre constat de départ et nous n'avons jamais changé de direction.

Aujourd'hui, nous réalisons des immeubles différents à chaque fois, avec des décos diverses, notre volonté étant que les gens se sentent à l'aise avec le vintage.

L'idée d'Edgar Suites est vraiment de revisiter le concept d'appart'hôtel. Avant de créer Edgar Suites avec mon frère, nous venions du monde de la gestion de pied-à-terre, ce qui nous offrait plus de liberté. Lorsqu'on crée des appartements que l'on peut designer, généralement avec une bonne enveloppe budgétaire, c'est plus facile de convaincre les propriétaires d'investir dans un lieu dont ils sont fiers.

Déjà en 2013, nous travaillions avec des architectes pour essayer de créer des espaces qui sortent du lot. En 2016, nous avons commencé à transformer des immeubles pour lancer notre première résidence en 2018. Nous avons constaté que les appart'hôtels existants étaient principalement des chaînes standardisées. Nous nous sommes dit qu'il y avait sûrement un créneau pour combiner le meilleur des deux mondes, entre habitation et hôtellerie, afin de créer des lieux où l'on se sent comme à la maison.

Aujourd'hui, dans un lieu standardisé, c'est plutôt fonctionnel : on y dort, on y fait un séminaire, mais ce n'est pas une destination de vacances. Nous voulions créer des lieux de destination où les gens viennent parce qu'ils trouvent cela cool, et pas seulement par défaut, pour des raisons de budget ou de localisation. Cela passe par la création de lieux hybrides où l'on peut autant télétravailler que regarder un film, dans une ambiance vraiment comme à la maison.

Nous intégrons cette philosophie dès la conception des projets. En général, nous transformons des immeubles de bureaux en décidant nous-mêmes des espaces et en pensant aux petits détails, comme placer les tables de salle à manger face à la télévision pour permettre les visioconférences.

Dans un hôtel classique standardisé, les personnes viennent juste pour dormir, ne souhaitent pas recevoir d'invités et partent directement après la douche. En moyenne, nos clients restent cinq jours chez nous, ce qui nécessite des espaces agréables, conviviaux, où l'on en a envie de recevoir des amis ou de prendre un verre. Nous accueillons beaucoup de familles avec des enfants qui souhaitent se détendre, s'installer sur le canapé et regarder un film.

Pouvez-vous nous présenter rapidement quelques projets où vous avez marié des éléments rétro et modernes ?

Un peu tous, hormis le dernier que nous avons réalisé avec vous à Montrouge, où il y avait beaucoup de mobilier neuf. Cependant, c'était un projet que nous avions initié il y a très longtemps avec des budgets assez bas, donc nous avons fait pas mal d'agencement et de mobilier provenant du commerce, avec très peu de mobilier vintage.

Mais pour les derniers lancements, comme celui de Lille, nous avons beaucoup chiné. C'est quasiment que du mobilier que nous avons soit dessiné, soit chiné, il n'y a quasiment rien que l'on peut trouver dans le commerce, à part les canapés. Nous venons de réaliser deux projets dans le Marais à Paris, où nous avons travaillé avec un studio appelé Amca Oval, des designers de mobilier. Ils ont tout dessiné et chiné avec nous. C'est le parfait exemple de ce que nous essayons de faire et mettre en place. Un projet très cohérent dans le Marais, où l'on se sent comme à la maison. Nous avons chiné beaucoup de pièces iconiques de design, comme des chaises Starck des éditions des années 70. Le résultat est assez sympa. Nous avons également les projets de Lille et de la rue du Temple à Paris qui ont été lancés en 2024. L'idée était d'être le plus cohérent possible avec les quartiers et les villes. Nous voulions vraiment cet effet de se sentir à Lille même au sein des appart'hôtels.

Nous avons également des projets à Marseille et un autre à Cannes. Celui-ci est dans un style méditerranéen, réalisé avec Batiik Studio, avec un style un peu bateau, coquillage. Nous avons un projet dans le 11eme arrondissement de Paris, où nous allons reprendre les mêmes décos que celles de la rue du Temple pour refaire quelque chose de similaire, plus poussé sur le thème de Brancusi, sur les ateliers d'artistes.

L'idée chez nous, c'est vraiment que chaque résidence soit personnalisée, même si l'on trouve toujours les mêmes standards de literie et de cuisine. Nous partons d'une page blanche, sur un thème complètement nouveau à chaque fois, qui nous semble cohérent avec la ville ou le quartier. Par exemple, pour Lille, c'est un immeuble art déco en face de la gare, au début du Vieux Lille, facile d'accès, qui est à l'origine un immeuble art déco en briques. Nous avons repris tous les marqueurs de la façade et nous avons fait tous les calepinages de salle de bain avec des rappels de la façade et la forme art déco pour dessiner tous les miroirs des salles de bain. On retrouve pas mal de pièces vintages et un petit twist architectural qui rappelle la déco dans les espaces.

Quels éléments rétro de ces projets ont particulièrement séduit vos clients et ont été appréciés ?

Nous avons une clientèle assez large, car nous proposons des typologies d'appartements variées. Nos appart'hôtels vont de 30 à 80 m². Pour les T2 de 30 m², nous accueillons principalement des professionnels, des personnes seules qui viennent travailler. Ce public a généralement entre 30 et 50 ans. Pour les appartements plus spacieux, nous avons deux catégories principales : les familles avec enfants, davantage orientées loisirs, venant de partout, notamment d'Europe et des États-Unis, avec des enfants d'âges variés. Nous proposons également des formats de T4, où nous pourrions penser que nous avons principalement des familles, mais en réalité, nous accueillons aussi beaucoup de professionnels. Aujourd'hui, il est valorisé d'avoir de grands salons pour que des collègues puissent se réunir et partager un espace commun. Lorsqu'on conçoit des appartements spacieux, nous réfléchissons à créer des espaces intimistes, avec des chambres et des salles de bain privées, tout en offrant l'accès à une salle à manger et une cuisine communes.

Notre public est donc très diversifié, allant des personnes nées dans les années 80 à celles de 50-60 ans. Toutes ces générations ont tendance à reconnaître les pièces iconiques de design, car elles étaient familières durant leur enfance. Ce sont des formes qu'ils connaissent et qui reviennent à la mode au fil du temps. Nous proposons divers styles, allant du Space Age des années 60 aux années 80 jusqu'à aujourd'hui. Cela leur plaît de voir des formes qui leur semblent familières. Nous essayons toujours d'intégrer du vintage, de retapisser par exemple des lots de chaises vintage avec des tissus plus modernes et des motifs.

Pour le projet de Lille, nous avons utilisé des Togo, réédition Ligne Roset, canapés typiques des années 60, que nous avons retapissé. À Paris, rue du Temple, nous avons plusieurs pièces de Starck des années 60 et 80. Aujourd'hui, le vintage revient beaucoup et les gens s'intéressent de plus en plus au design. Des pièces rétro bien placées aux bons endroits, mêlées à quelques pièces modernes, créent tout le charme. Si on ne fait que du vintage, cela ne fonctionne pas. Si on ne fait que du moderne, c'est dommage.

Quel était l'objectif du projet d'aménagement du Big Sky ?

L'établissement était à l'origine un hôtel Mercure. Il a été racheté par le propriétaire sous le nom de Wanderlust, qui a finalement changé d'enseigne pour devenir le Big Sky. L'objectif était donc dans un premier temps d'enlever tout ce qui était branding. Puis, il fallait remettre l'hôtel au goût du jour. Pour cela, nous avons souhaité faire quelque chose de très engagé, avec un réel parti pris esthétique. 

Une des problématiques du projet était de réchauffer les chambres. Une critique qui revenait souvent était que les chambres étaient assez froides par l'atmosphère et la décoration. L'enjeu était donc de les rendre plus chaleureuses et agréables, avec un côté rétro. 

Que souhaitiez-vous comme décoration et ambiance ?

Comme source d'inspiration, nous sommes partis du lobby de l'hôtel, qui a beaucoup de succès auprès des clients. Celui-ci est très chaleureux, avec un style très axé années 70-80. Nous savons que les clients s'y sentent très bien. C’est pourquoi, nous souhaitions poursuivre cette expérience conviviale et cet esprit rétro jusque dans les chambres, afin de raconter la même histoire. 

Certains de mes agents de voyage m'ont également suggéré d'ajouter une touche montagnarde aux chambres. C'est à partir de ces deux réflexions que nous avons eu l'idée de faire deux chambres différentes. L'une, que j'appelle la "montagne pop", est très colorée avec des montagnes aux teintes pétillantes. Et l'autre est beaucoup plus vintage, avec un magnifique papier peint vert, des touches de velours et une jolie lampe champignon qui met tout de suite dans l'ambiance rétro.